Elle est la dernière championne du monde française en descente (en 2013), et seulement la deuxième de l’histoire du ski français après Marielle Goitschel en 1966. Dix ans après son sacre, rencontre avec une jeune maman sensible, retraitée du circuit depuis 2015. Toujours passionnée de ski, elle nous raconte avec sincérité son après-carrière sportive.
Marion, peux-tu nous rappeler ton parcours ?
J’ai grandi aux Deux-Alpes, avec un père pisteur et une mère monitrice de ski. Une vraie vie d’enfant de station : cours à l’ESF, ski-club des 2-Alpes... J’ai ensuite été au lycée d’Albertville et ai rejoint l’équipe de France. En 2010, j’ai rencontré Davy, mon futur mari, en centre de rééducation (après une blessure), et me suis installée en Savoie. Notre fille est née en 2021, prénommée Meije en hommage à la montagne près d’où j’ai grandi.
En 2010, tu te blesses en direct au départ des Jeux olympiques de 2010. En 2013, tu es championne du monde. Quel regard portes-tu sur ta carrière ?
Je n’ai pas eu une carrière mirobolante, mais j’ai eu la chance d’avoir un titre ! Le jour de la médaille, ça été tellement génial ! J’ai passé 17 ans en équipe de France. On était une bande de potes, même si nous étions concurrents derrière le portillon. Ça a été une expérience de vie unique.
Quand as-tu décidé d’arrêter ?
Je voulais arrêter après les finales de la coupe du monde de Méribel. Mais en janvier 2015, je me recasse un genou pour la 4e fois de ma carrière, ce qui a précipité ma décision. Une opération et une rééducation, c’est à chaque fois une « petite mort » sportive...
Comment avais-tu préparé ta reconversion ?
Avec mon préparateur mental, nous avions choisi de laisser cette problématique de côté pendant ma carrière. Je suis assez émotive, et comme coureuse, penser à ma reconversion m’empêchait d’être relâchée. À la Fédération, on a commencé à m’en parler après ma 3e blessure... Du coup, quand j’ai arrêté, je ne savais pas quoi faire. Depuis toute petite, je vivais pour le ski. Une deuxième passion aussi forte, ça ne s’invente pas comme ça...
Comment s’est déroulée la transition ?
Quand tout s’arrête d’un coup, que plus personne ou presque ne t’appelle, c’est dur. Je n’avais que mon Bac littéraire en poche, et une grosse envie de découvrir le monde du travail. J’ai terminé mon monitorat de ski, passé une licence commercialisation des produits sportifs au CESNI à Chambéry, et ai travaillé en 2017 et 2018 chez Rossignol, mon partenaire durant ma vie de skieuse. Ces années-là ont été compliquées.
Que fais-tu aujourd’hui ?
J’enseigne le ski depuis 2016 à l’ESF de Courchevel 1850. J’aime ce côté transmission. Le domaine des 3 Vallées, c’est juste un terrain de jeu magique. Il y en a pour tout le monde, famille, enfant, sportif, luxe... L’an passé, j’ai aussi expérimenté des petits boulots à côté, à Cultura Albertville dont j’adore l’univers, ou dans la menuiserie de mon mari. J’ai toujours été très manuelle. J’adorerai apprendre à faire des pâtes ou du pain, à rembourrer un fauteuil...
Considères-tu ta reconversion réussie ?
Pas tout à fait, car je n’ai encore rien trouvé qui me passionne autant que le ski. Le sport de haut niveau demande énormément de sacrifices, c’est une vraie école de la vie, pas toujours marquée par la gloire et les résultats. Il m’a suappris l’adaptation… Et mon rôle de maman me permet de prendre du recul sur plein de choses.
Un mot sur les Mondiaux de Courchevel Méribel ?
La France est une vraie nation de ski. Courir à la maison, c’est génial. Je l’ai vécu à Val d’Isère en 2009. Le comité d’organisation m’a invitée le jour de la descente, le 11 février, pour célébrer les 10 ans de ma médaille. Ça me touche...
Career switch - Marion Rolland
Marion Rolland is the last French world champion in downhill, in 2013, and only the second in the history of French skiing after Marielle Goitschel in 1966. Marion retired from the circuit in 2015 and finished her ski instructor's diploma, passed a degree in marketing of sports products at CESNI in Chambéry, worked in 2017 and 2018 for Rossignol, and has been teaching skiing since 2016 at the ESF in Courchevel 1850. Marion welcomed her daughter in 2021.