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Marion Poitevin, suivez la guide ! 

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© Collection particulière/Éditions Paulsen
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www.leadtheclimb.ffcam.fr
Son livre : « Briser le plafond de glace », paru aux éditions Paulsen • Collection Terra Nova • Septembre 2022 • 208 pages • 25€
Pionnière à plusieurs reprises, Marion Poitevin est une alpiniste de haut niveau qui a brisé bien des clichés sur les femmes dans les sports de montagne. Elle nous raconte son parcours dans des univers très masculins où sa détermination à toute épreuve lui a permis de faire entendre sa voix.

Quel est ton parcours ?
J’ai grandi à la Roche-sur-Foron, ce qui m’a donné envie d’aller grimper les montagnes que je voyais depuis chez moi. C’est vite devenu une passion, et j’ai décidé de beaucoup m’entraîner pour faire de l’alpinisme mon métier. Cela a payé : j’ai été la première (et seule) femme admise au Groupe militaire de haute montagne (GMHM), je suis devenue guide de haute-montagne puis instructrice à l’École militaire de haute montagne. Actuellement, je suis secouriste CRS en montagne à la base d’Albertville.

Quel a été le déclic ?
Quand j’avais 17 ans, je suis partie pendant un an dans le Colorado (États-Unis), et j’ai découvert une mentalité bien différente de ce que je connaissais : le fameux « yes we can » ! Le fait d’échouer était vu comme une réussite car cela voulait dire qu’on avait tenté, et être ambitieux n’était pas perçu comme de la prétention. Moi qui voulais être prof de maths à la base, j’ai décidé que je devais au moins tenter de vivre de ma passion pour la montagne. Intégrer la première équipe nationale d’alpinisme féminine a aussi été décisif dans mon choix. 

S’imposer dans des milieux majoritairement masculins n’a pas été facile…
Non, j’ai dû essuyer beaucoup de remarques sexistes, de critiques et même de la jalousie. Je devais prouver sans cesse que je méritais d’être là, au même titre qu’un homme, et être tout le temps au top car les regards étaient braqués sur moi. C’était difficile de trouver ma place au sein des groupes masculins, il y avait toujours un décalage avec mes collègues. C’est d’ailleurs ce qui m’a poussée, à regret, à démissionner du GMHM.

Pourquoi cette différenciation selon toi ?
Je pense que cela est dû à ce que les études de genre appellent « la socialisation genrée ». Lorsqu’on est enfant, on nous apprend qu’un petit garçon doit être comme ci et une petite fille comme ça, et on intériorise tous ces clichés. La plupart des hommes sont moins complexés à l’idée de tenter leur chance, alors qu’une femme va avoir plus peur de l’échec. Par exemple, pour le diplôme de guide, les femmes attendent d’être super prêtes avant de passer l’examen probatoire alors que des hommes le tentent en étant bien moins préparés.

Aujourd’hui, penses-tu que ça a changé ?
Cela évolue dans le bon sens, mais les clichés ont la peau dure. À niveau technique égal, une femme aura toujours plus de mal à être sponsorisée, à participer à de grosses expéditions ou aller dans des projets durs. Les femmes dans les sports de montagne deviennent un peu plus visibles, mais il y a encore du chemin à faire.

Tu as récemment publié « Briser le plafond de glace », un livre qui raconte ton histoire. Pourquoi maintenant ?
L’éditeur m’a contactée afin d’avoir davantage de représentation féminine dans leur collection. Depuis 2012, je me servais déjà beaucoup des réseaux sociaux pour partager le quotidien de mes « métiers dingues ». Je voulais montrer qu’on pouvait les exercer en tant que femme et que ça vaut le coup de se donner à fond pour y arriver. Ce livre était un peu la matérialisation physique de toutes les valeurs que je défends.

Tu as créé Lead the Climb. Qu’est-ce que c’est ?
C’est un club au sein de la FFCAM qui organise des sorties et des stages de progression entre femmes en escalade, cascade de glace, alpinisme… La non-mixité peut faire débat, mais elle me semble pertinente pour atteindre une vraie mixité à terme. Les femmes ont tendance à plus oser prendre l’initiative lorsqu’elles sont entre elles, il y a moins de pression. Il est plus facile de s’identifier à un guide féminin et de comprendre ainsi que les femmes aussi sont capables d’être en tête de cordée et d’avoir un leadership !

Marion Poitevin, follow the guide ! 

A pioneer on several occasions, Marion Poitevin is a high-level mountaineer who has broken many clichés about women in mountain sports. Marion was the first (and only) woman admitted to the High Mountain Military Group (GMHM), she became a high mountain guide and then an instructor at the High Mountain Military School. Currently, she is a CRS mountain rescuer at the Albertville base, and she created the club Lead the Climb for women only. Marion shares her adventures in her book "Briser le plafond de glace".