Artiste contemporain, au parcours atypique, spécialisé dans la sculpture sur marbre, Léo Caillard expose ses œuvres monumentales cet hiver à Courchevel. Entre figures de l’antiquité et icônes des temps modernes, tout est fluide…
Quelle est votre histoire avec l’art ?
J’ai toujours été passionné par la notion du temps et son aspect scientifique. J’admire l’Antiquité, les objets anciens, le statuaire, la mémoire d’un temps ancien. Jusqu’à ma vingtaine, j’étais plutôt intéressé par les sciences, cette notion technique du temps, puis j’ai voulu aller dans le créatif. Comme si le fait de comprendre scientifiquement ne me donnait pas une réponse assez réelle, sensible. À travers l’expression du temps dans sa forme artistique et symbolique, j’ai trouvé mon chemin… J’ai fait l’école des Gobelins, en photographie, une discipline dans laquelle j’ai d’abord évolué aux États-Unis, puis j’ai eu envie de me dédier complétement à l’art, en passant par l’école d’art et de sculpture à Carrare en Italie.
Où puisez-vous votre inspiration ?
Dans la technicité de l’époque actuelle et des technologies… Je vais ensuite resculpter en marbre dans les techniques anciennes avec des changements, des déformations pour donner un sens moderne. J’essaye d’ouvrir un dialogue entre les figures iconiques antiques et celles de notre époque. Tous les codes d’aujourd’hui sont finalement une réinterprétation de mythes latins ou antiques. Par exemple, Narcisse pour nos selfies, le culte herculéen qui revient dans la société par les hipsters (cheveux longs, corps musclés, sport)… Les figures mass media comme les super héros, ne sont que des décalages de dieux grecs : Zeus-Superman, Hulk-Hercule, Batman-Hadès, Wonder Woman-Athéna…
Passez-vous un message à travers vos œuvres ?
Même si des milliers d’années nous séparent de ces pièces, j’aime l’idée de nous faire prendre conscience que cette histoire ancienne est encore très présente dans notre époque. J’essaye aussi de donner envie aux gens de ralentir, de regarder ce qu’ils sont en train de voir : une figure d’aujourd’hui ou une réinterprétation de l’antiquité, avec une touche d’humour, de surprise… Enfin, j’aime bien cette idée de se poser des questions sur notre société qui va vite. La sculpture nécessite de prendre le temps, de se déplacer autour de l’œuvre. Cette notion du temps qui coule, on la retrouve dans cette série exposée à Courchevel : fluidifier la matière comme si cette dernière était en prise avec le temps, les éléments…
Un mot sur cette expo proposée par la station et les Galeries Bartoux ?
Rendre une matière dure en une matière fluide, c’était un peu un défi ! Il y a aussi cette notion d’œuvre en prise avec les éléments, le vent, la nature… On est ici sur une réinterprétation du buste antique, avec des pièces reconnues de l’Antiquité (Venus de Milo, Hercule Farnèse, Héra…). Mais, je ramène aussi des figures plus surprenantes comme ce Batman, plus philosophe que héros, le spartiate moderne, car toute son histoire traite de la tragédie grecque. Ce qui me plaît beaucoup, c’est créer une surprise. Je pense que l’art est partout. On a tendance à le ramener dans des musées ou galeries, alors qu’historiquement, le statuaire antique est plutôt un élément extérieur, en prise avec la population. Cela donne du sens et fait vivre les œuvres là où elles doivent être, au cœur de la société.
Contemporary artist Léo Caillard
Contemporary artist Léo Caillard, known for his unique journey and marble sculptures, shares his monumental works of art in Courchevel as from 23 January. Passionate about science, Léo moved from studying science to exploring art, studying photography at Gobelins and sculpture in Carrara, Italy. He reinterprets antique statues with modern twists, linking mythological figures like Zeus to Superman or Hercules to Hulk. His art invites viewers to slow down, reflect, and see the connection between ancient history and today’s culture, with humour and surprise.