À 23 ans, le biathlète du ski-club de Peisey-Vallandry vit une saison magique. Il nous raconte son titre de champion du monde en individuel, ses médailles et podiums sur la coupe du monde. Et le rêve d’un petit gars de Peisey qui est devenu réalité…
Éric, on a juste envie de dire : quelle saison !
De A à Z, c’est trop bien ! C’est la première fois que j’ai l’opportunité de jouer des podiums ou des victoires du début à la fin. J’ai réussi à faire preuve de régularité tout l’hiver et à tirer mon épingle du jeu sur les courses d’un jour. J’ai pris beaucoup de plaisir à vivre cette saison…
Quels étaient tes objectifs ?
Je voulais hausser mon niveau pour pouvoir jouer toute la saison. Je suis arrivé bien préparé et en forme. J’ai bien débuté en emportant la mass start lors de la première étape. J’ai ensuite progressé tout au fil de l'hiver.
Imaginais-tu être sacré champion du monde ?
Gagner des courses, c’est l’objectif que tous les sportifs se fixent. C’est magique et libérateur quand ça arrive ! Et cet hiver, j’ai remporté des étapes de coupes du monde, et des courses lors des Mondiaux de Lenzerheide en Suisse (février), en individuel et par équipe. Un titre mondial, c’est plus rare, et il a une saveur supplémentaire. C’est un premier rêve d’enfant qui s’est réalisé…
Parle-nous de ta 3e place au classement général de la coupe du monde…
Après la moitié de la saison, je savais déjà que je ne faisais plus partie du match pour les deux premières places, promises aux Norvégiens Johannes Boe ou Sturla Laegreid. J’étais 3e avant les Mondiaux. L’objectif était de garder cette place, face à des concurrents plus expérimentés que moi et en forme en fin de saison, comme Sebastian Samuelsson, Tommaso Giacomelli, ou Emilien Jacquelin et Quentin Fillon-Maillet. C’est une énorme satisfaction pour moi d’avoir tenu ce rang. Et un vrai entraînement pour viser le maillot jaune dans les prochaines années.
Quels sont tes objectifs désormais ?
Une partie de mes rêves se sont réalisés cette saison. C’est arrivé vite, ça fait un peu bizarre… Mais je vais continuer à rêver ! Le classement général, c’est un énorme objectif. Comme un titre olympique, que j’espère chercher dès l’année prochaine en Italie. Aujourd’hui, je vis pleinement mon rêve.
Tu parles beaucoup de plaisir et de jeu…
Je suis passionné de biathlon depuis tout petit. J’aime jouer, me prendre au jeu. Là, on change de niveau et de dimension, mais l’esprit reste le même. La préparation, c’est évidemment beaucoup de travail, de rigueur. Mais c’est ce qui me donne l’opportunité de jouer en courses. Et les courses, c’est ce que je préfère ! Je veux continuer à me faire plaisir...
Un petit mot sur tes concurrents ?
Il y a une vraie densité de biathlètes de très haut niveau. Avec Quentin, on a souvent été à la bataille, ça a été un joli challenge… Les deux frères Boe quittent le circuit en cette fin d'hiver. Ils ont laissé une trace dans l’histoire du biathlon, tant sportivement qu'humainement. Quand on est un jeune biathlète qui arrive sur le circuit mondial, de voir que les leaders sont accessibles, attentifs et impulsent une bonne ambiance, ça compte. Le biathlon, c’est comme une grande famille. Il va falloir continuer à transmettre ces valeurs à notre tour…
Tes meilleurs souvenirs de la saison ?
Mon titre mondial en individuel en février, un super moment de partage avec l’équipe de France, ce qui m’a valu une super coupe de cheveux (ses coéquipiers lui ont rasé la tête, ndlr). Ma première victoire en mass-start a aussi été très spéciale : c’est la première fois que je franchissais la ligne d’arrivée en tête sur une course à confrontation directe à ce niveau. Et je n’oublie pas l’étape du Grand Bornand en décembre : courir devant sa famille, ses amis, en France, et un public en folie, c’est énorme. En plus je termine 2e...
Un regret ?
(Il réfléchit un peu…) Il peut y en avoir à chaque course : mettre une balle de plus dans la cible, skier un poil plus vite. C’est le résumé du biathlon... J’ai tout donné pour jouer à fond, sur chaque course. Je n’ai aucun regret.
Quelles sont tes forces et faiblesses ?
J’ai pu m’appuyer cette saison sur mon niveau de ski et mon tir, où j’ai fait beaucoup de progrès. J’ai aussi appris à saisir les opportunités. Mais il reste des points à améliorer : augmenter mes stats, mettre quelques balles de plus, skier plus vite dès le début de saison.
Un petit mot pour les jeunes de ton club de Peisey-Vallandry ?
J’ai grandi et été formé au ski-club de Peisey, c’est très important pour moi de partager un peu de temps avec eux quand je peux, de passer une ou deux séances d’entraînement avec eux. À tous ces jeunes, j’ai envie de leur dire qu’aucun objectif n’est inatteignable, qu’il faut foncer sur ses rêves. Il n’y a rien de plus beau que de réussir à les vivre tous les jours. Quelquefois, on a la chance de s’en rapprocher plus rapidement que prévu. La preuve !
Encart
Le retour des champions
300 signes à venir (le 11/04 a priori à Peisey)
Éric Perrot, biathlete in Peisey-Vallandry
Part of the Peisey-Vallandry ski club, French biathlete Éric Perrot, 23 years old, is living a dream season. He was consistent all winter and enjoyed every race. Winning races is every athlete’s goal. This season, Éric won World Cups and two world titles (individual, and in team) in Switzerland. A childhood dream come true ! His goal is winning the overall ranking and an Olympic title. Éric's message for young athletes is : no dream is too big, believe in yourself and go for it !