Double champion olympique et quadruple champion du monde de judo, ancien ministre des Sports, David Douillet est une légende du sport français. C’est aussi une figure fidèle des Menuires, qu’il fréquente depuis près de 40 ans... Rencontre à cœur ouvert le parrain du Trophée de l’Espoir, dont la prochaine édition se déroule le 20 février.
Comment un judoka normand est devenu un habitué des Menuires ?
C’est une longue histoire... J’ai découvert la montagne ici, dans le cadre d’un stage junior de préparation de judo avec la Fédération française. J’avais 16-17 ans (il en aura 56 le 17 février prochain, ndlr). On faisait du ski de fond sur la boucle du plan d’eau. J’ai sympathisé avec un gars, qui m’incite à essayer la peau de phoque. J’en parle à mes entraîneurs qui valident l’idée, même si on n’avait pas trop le droit de faire du ski en tant qu’athlète...
Vous revenez ensuite régulièrement...
Le premier jour, je me retrouve à 5h30 du matin, avec un de mes entraîneurs, en petite tenue de skieur de fond, au plan d’eau... À 8h, je rencontre un guide de haute montagne, Jean-Luc Ligeon, qui m’avait été attribué par l’ESF pour le stage, qui m’emmène le reste de la journée dans les pentes en ski de rando... Dès le lendemain, on a arrêté le ski de fond pour ne faire que de la peau. J’ai poursuivi par d’autres stages, commencé à avoir de gros résultats, fais la connaissance de Régine Jay (directrice de l’office de tourisme, ndlr).
Quels étaient les bénéfices de ces stages d’altitude ?
Physiologiquement, le médecin de l’équipe de France voyait dans mes analyses, très concrètement, l’incidence des stages de montagne, qui me permettait d’avoir ma base physique de l’année. Je le sentais sur le tatami. Ces stages là on fait de moi un athlète complètement abouti à chaque saison, et m’ont influencé au niveau du mental. Des sorties en montagne par tous les temps, ça forge !
Et vous tombez amoureux des Menuires…
J’ai appris à skier ici et compris la montagne en faisant de la peau de phoque. Jean-Luc m’a fait découvrir la montagne, sans emprunter une piste. Au début, j'étais en chasse-neige dans les hors-pistes ! On fait des trucs de fou, en stage officiel équipe de France. Et, je tombe amoureux de la station, jusqu’à revenir régulièrement avec ma famille.
Comment ont grandi vos liens avec la station ?
J’ai été adopté par la station... Ici, tout le monde m’a aidé lorsque j’étais athlète, m’aidé à me préparer. La station s’est mise en 4, sans partenariat, pour m’accueillir. Et dans les interviews, lorsqu’on me demandait comment je m’étais préparé, j’évoquais ces stages aux Menuires... La station a ensuite voulu communiquer à travers mon image, toujours sans contrat ou question d’argent. Notre histoire est née simplement, avec de l’amitié, de la sympathie, un échange de bons procédés. Et pour me remercier, alors que je n’avais rien demandé, il y a eu cette piste qui a porté mon nom, il y a près de 20 ans !
Comment êtes-vous devenu parrain du Trophée au de l’Espoir ?
Les années ont passé. Régine Jay a eu l’idée, il y a plus de 25 ans, de lancer ce Trophée de l’Espoir. J’étais déjà parrain de l’opération Les Pièces Jaunes (pendant 13 ans). À l’époque, j’avais visité le service pédiatrie de l’hôpital Necker, et en étais ressorti bouleversé et en pleurs, avec dans ma tête mes jeunes enfants en parfaite santé. Le Trophée de l’Espoir, c’est le même état d’esprit. Je suis la locomotive, je ne fais rien de plus. J’ai d’autres engagements de ce type, pour des petites associations, toujours en direction des enfants, hospitalisés ou malades. Il n’y a pas de débat : quand on peut aider ceux qui n’ont pas la même chance que nous, il faut le faire.
Des souvenirs marquants de toutes les éditions parrainées ?
Surtout d’intenses moments de rencontres... La première rencontre de mon fils avec le handicap, c’était ici, au Trophée de l’Espoir, avec Tahar, un résident de l’association Alpysia. Mon fils comprend que Tahar est aussi intelligent que lui, mais qu’il emprisonné dans son corps. Il prend conscience tout petit que certaines personnes n’ont pas la même chance que lui. Et il m’en reparle encore…
Et vous revenez toujours, tous les ans, dans la station…
En hiver aussi bien qu’en été… J’ai l’impression de venir chez moi, de voir ma famille. Comme quand je retourne en Normandie, et que je connais tous les villages. J’ai le même sentiment ici…
Quelques spots favoris à partager ?
Je ne peux pas le dire, car tout le monde va y aller ! Quand il fait beau, si tu veux te faire un petit hors-piste sympa, tu vas dans la vallée des Encombres par exemple. Ou le lac du Lou. Et quand je suis avec ma petite, ou ses deux grandes sœurs, par rapport au niveau de ski, on choisit telle ou telle piste, on va voir les animaux, on revient, sur la Masse... Je connais vraiment la station par cœur, et y en a pour tous les niveaux et envies !
Un dernier mot autour des JO en France ?
Dans tous les pays où j’ai vu passer les Jeux, c’est un véritable boost pour la culture sportive. Organiser les Jeux, c’est énorme ce que ça provoque en termes de retombées et d’héritage. Les Jeux peuvent permettre à des enfants et leurs parents de pousser la porte d’une association sportive, d’un club de ski, de judo, d’escrime. Et faire du sport, ça change la vie d’un gamin, ça lui apprend autre chose. Ça lui inculque des valeurs universelles de respect de soi et des autres. C’est pour ça que les Jeux et le sport sont importants...
Interview décalée : Savoie ou bien ?
• Fondue ou raclette ?
Les deux, pourquoi choisir !
• Plutôt génépi, vin chaud ou grolle ?
Absolument tout...
• Un après-ski favori ?
Avec l’âge, plutôt le spa aujourd’hui que le bar...
• Ski ou snowboard ?
Le ski, que le ski !
• Un animal totem des montagnes ?
J’aurais bien dit un ours, mais y en a plus ici... Le bouquetin c’est pas mal, on en voit des très beaux ici en été. On peut les approcher à 10 mètres, mais il faut monter un peu.
• Un secteur : La Masse ou Mont de la Chambre ?
Ça dépend de l’heure de la journée...
• Et côté pistes : la Lacroix, la Covili ou la Douillet ?
La Lacroix. J’aime bien Léo, c’est un vieux copain, et c’est un mec extraordinaire. Mais Fred aussi !
David Douillet : legendary judoka
David Douillet, a legendary judoka (two-time Olympic champion, four-time world champion), former Sports Minister, and long-time supporter of the charity Les Pièces Jaunes, is a key figure in French sports. He has a deep connection with Les Menuires, a ski resort he has visited for nearly 40 years. His love for the mountains began in his youth during a judo training camp. Over time, he built strong ties with the resort, which supported his training. Douillet also sponsors the Trophée de l’Espoir, a charity event. Passionate about helping children, he believes in the power of sports to change lives.