Écrivain et journaliste, Pascale Nivelle est l’auteure du livre « Charlotte Perriand, la montagne inspirée », paru en septembre dernier aux éditions Paulsen. Elle nous parle de cette grande architecte et designeuse du XXesiècle, à l’origine des stations Arc 1600 et Arc 1800, et d’un nouvel art d’habiter la montagne.
Quelle est la relation de Charlotte Perriand à la montagne ?
Elle y passe une grande partie de son enfance. Ses parents ont une ferme à Yenne. L’autre partie de sa vie se passe à Paris où elle étudie les arts décoratifs, mais elle s’échappe dès qu’elle le peut pour retourner en Savoie. À Bonneval, en Maurienne, elle fait la rencontre du guide Pierre Blanc qui l’initie à l’alpinisme. Depuis, elle n’aura de cesse d’explorer les sommets.
De quelle manière s’en inspire-t-elle ?
Tout d’abord par les matériaux qu’elle utilise. Elle revient au bois à une époque où ça ne se fait plus. Elle fait aussi des meubles en paille, directement inspirés du mobilier de ferme. Le tabouret de berger est une de ses créations les plus connues.
Comment imagine-t-elle l’habitat ?
Lors de ses expéditions alpines, elle imagine un habitat qui soit totalement en accord avec la montagne. Elle note ses idées, les dessine et fait des plans. Un des fils conducteurs de sa création est cette volonté d’abolir les frontières entre le dedans et le dehors. Son rêve est de construire dans un lieu accessible uniquement en skis. Elle pense avant l’heure la construction de téléphériques.
Son projet se concrétise avec Les Arcs ?
Ce n’est qu’à l’âge de 67 ans qu’elle fait la rencontre du promoteur Roger Godino qui va lui laisser carte blanche pour concevoir Les Arcs, le projet de sa vie. Elle commence par Arc 1600, qui voit le jour en 1968, et termine par Arc 1800 en 1974. Mais c’est un projet qu’elle imaginait dès les années 1930. Elle conçoit une station de sports d’hiver en harmonie avec le paysage, un espace de vie sans voiture. Les bâtiments sont intégrés à la pente. Chaque appartement offre un balcon ouvert sur la montagne et sans vis-à-vis. Sa force est de combiner la simplicité et le confort absolue, le tout dans une extrême beauté.
Votre relation à Charlotte Perriand ?
J’ai beaucoup aimé travailler sur elle. C’est quelqu’un de très engagée, que ce soit pour la cause écologiste ou féministe. Elle a une sacrée personnalité. Sa manière de concevoir l’habitat est précurseur de ce que l’on connaît aujourd’hui. La montagne aura été le fil conducteur de sa vie et de sa création.
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Le saviez-vous ?
Charlotte Perriand est à l’origine de la cuisine ouverte qui s’est répandue dans les foyers dès les années 1960. Acquise avant l’heure à la cause féministe, l’ouverture de la cuisine est une façon pour elle de faire sortir la ménagère de ses fourneaux et de l’intégrer davantage à l’espace de vie.
Les Arcs, patrimoine du XXe siècle
En 2006, Les Arcs obtiennent le label « Patrimoine du XXe siècle » pour les stations d'Arc 1600 et Arc 1800 et deviennent un emblème historique de l’urbanisme de loisir.
Une visite guidée ?
Les offices de tourisme organisent des visites guidées gratuites des bâtiments conçus par Charlotte Perriand. La réservation est obligatoire dans les offices de tourisme d'Arc 1600 et d'Arc 1800 (lesarcs.com)
Charlotte Perriand seen through the eyes of Pascale Nivelle
Writer and journalist Pascale Nivelle explores the life of Charlotte Perriand in her book Charlotte Perriand, la montagne inspirée. Perriand, a 20th-century architect and designer, shaped modern mountain living, including Arc 1600 and Arc 1800. Deeply connected to the Alps, she drew inspiration from nature, using materials like wood and straw. At the age of 67, she fulfilled her dream with Les Arcs, blending simplicity, comfort and ecological harmony, earning the 20th Century Heritage Label in 2006.